lundi 29 décembre 2014

Noël au Brésil

Un petit billet culturel sur l'évènement - à priori - du moment : nowel. C'est comment, Noël au Brésil ? Ça se fête ?

Ben oui, le Brésil, pays religieux, ça serait con de ne pas fêter la naissance du ptit Jesus ! (jézouce).

Je vous rassure : pas de soucis, le côté religieux est en fait aussi visible qu'en France, ça veut dire qu'on a des images de gros barbu blanc couleur coca cola un peu partout, mais aucune référence religieuse. Il y a toujours autant de messe et d'émissions religieuses à la télé et à la radio, mais pas vraiment + que d'habitude.

Et l'ambiance, on sent que c'est Noël ? Ben il fait + de 30 degrés sur São Paulo (mentira, là tout de suite il fait un temps de merde depuis hier). A Rio il fait 50 degrés. Cinquante. C'est l'été, du coup il fait jour + tard que d'habitude. Du coup l'ambiance en prend un coup sévère, il ne faut pas espérer de belles illuminations, des gens couverts, des papa noël en manteau de fourrure dans les rues et tout le tralalala "occidental". Par contre au boulot il n'y a personne, chacun rentre dans sa famille. C'est comme en Europe : noël en famille, nouvel an entre amis.

Par contre à la radio ou dans les rues, pas de chant de noël & co. C'est l'été, les pubs ou autres tournent plutôt autour de la plage, du soleil et des régimes minceurs "pour être belle en (micro mini limite cache sexe) bikini sur la plage".

Pour avoir des décos, des gros gaillard en manteau de fourrure rouge, des sapins et de l'incitation à l'achat massif de cadeaux, il faut aller dans le Temple de la Culture du Brésil : les shopping center (grands centres commerciaux climatisés qui rassemblent une immense partie de la population).

L'arbre du centre commercial Higienopolis


Déco sur l'avenida Paulista
Le symbole phallique de São Paulo : le sapin du parc Ibirapuera. Size matters.




Au niveau des décorations, c'est particulier. La ville ne décore pas les rues, donc il ne faut pas s'attendre à voir les guirlandes lumineuses dans les rues - elles se feraient problablement voler ou détruire en 1 soir. Ça évite aussi le syndrome à la française des guirlandes qui ne sont jamais décrochées et qui ornent encore fièrement les villes même en juillet.

Du coup, c'est chacun pour soi. Dans mon quartier il y a quelques personnes qui mettent des décos et on peut voir aux fenêtres des immeubles ou aux balcons quelques guirlandes par ci par là.

Ensuite, ce sont les gestionnaires des immeubles qui décident s'ils mettent des décos ou non. Mais c'est là où c'est drôle : pour être sûr de ne pas se faire dépouiller, les décos sont comme le reste de chaque immeuble : solidement protégées derrière les barricades de chacun. Donc on peut voir des barbelés agrémentés de petites ampoules (joyeux empalement luminescent !), des fils à haute tension qui protègent des guirlandes (happy crémation !), chez moi il y a Bambi exposé derrière les grilles de l'immeuble, on peut trouver des boules lumineuses qui ornent les piques acérées de certaines grilles...

Bambi est derrière les barreaux. Il a pas été sage. Il va devoir ramasser les savonettes de son pote Pan Pan le bien nommé.

Ma rue... WOUHOU c'est festif ! Les fous, leurs guirlandes pendent dans les rues.

Toujours ma rue, toujours hyper décorée ...


On décore les grilles.

Des guirlandes pendent des piques en haut des grilles.


Au final, pour quelqu'un qui n'est pas d'Amérique du Sud, ça peut vraiment donner un sentiment de Fleury Mérogis aux couleurs de Nöel, c'est plutôt marrant à voir.

Un dernier mot sur le repas typique de Noël. Ici pas de plat barbare type "foie gras", les spécialités pour l'occasion sont :
- en dessert, le panetone. Oui oui, comme en Italie. Il y a des montagnes de Panetone dans les supermarchés en période de fête.
- en plat principal, la dinde (Peru en portuguais), ou le Chester (là j'ai du chercher, en fait c'est un gros poulet - poulet se dit frango), ou le salpição (aussi à base de poulet).

Les marques brésiliennes

Si vous voulez vous faire un plat de noël brésilien (ce qui ne risque pas de m'arriver, uhuhuh) :

Pour conclure, comment dit on Joyeux Noël en portuguais ? Feliz natal!!!!
 
 
 

vendredi 26 décembre 2014

J'ai testé pour vous : le système de santé au Brésil.

www.mavie.com (oui j'allais écrire 3615 MAVIE mais je me suis senti d'une vieillesse inconmensurable en l'écrivant) ==> il y a quelques semaines j'ai eu un simple problème de peau qui s'est infecté et m'empêchait de marcher (ou d'être assis, ou de faire à peu près n'importe quoi à part rester allongé en poussant de longs râles d'agonie plaintifs).

Je me suis donc dit "Ian mon brave, t'as pas le choix, tu dois aller voir le médecin". Ahahaha ce vieux réflexe d'occidental. Oyé oyé le périple médical qui s'ensuivit.

Au Brésil l'accès au soin est gratuit. Ça, c'est vraiment bien. Sauf qu'il y a très très très peu d'hopitaux "gratuit", qu'ils sont surchargés, on m'a dit qu'ils étaient plutôt vétustes et fortement déconseillés.

Mon employeur par contre me fournit une mutuelle, ce qui est à priori assez classique, et vraiment appréciable. C'est le même principe qu'en France : plein de mutuelles différentes existent, chacune avec plusieurs options (moi j'ai pris la basique, forcément). Ça va de "best effort" pour les moins chères à "on te ranimera en te transformant en cyborg même si tu meurs dissous dans un bac d'acide". J'ai pas l'option "bac d'acide" dans ma mutuelle basique, mais pour un kyste enflammé sous le pied ça ne devrait pas être nécessaire.

Premier truc à savoir en se disant "je vais aller au médecin" : le concept de médecin généraliste n'existe pas au Brésil. Il n'y a que des spécialistes. Bon OK je ne suis pas sur un cas particulier il me faut juste un dermato.

Second truc : chaque médecin ou hopital n'accepte pas n'importe quelle mutuelle. Chaque médecin est affilié / accepte telle ou telle mutuelle. Ils ne sont pas exclusifs à une seule mais n'accepte pas tout. Et encore plus drôle : ce n'est pas parce qu'ils acceptent une mutuelle qu'ils acceptent tous les niveaux. Moi avec mon plan "basique", je n'ai pas accès à l'ensemble du réseau de la mutuelle. Pour avoir mieux, il faut payer plus.

Donc avec ma carte de mutuelle j'ai eu un petit botin de quelques centaines de pages, qui listent pour chaque plan, qui pourra me soigner. Comme les médecins changent d'affiliation en cours d'année, il n'y a aucune garantie que ledit annuaire soit à jour. Il y a également un site web mais qui ne garantit rien non plus.

Ce qui fait que la première question d'un cabinet médical n'est pas "vous avez mal où ?" mais "bonjour, quel est votre convenio (mutuelle) ?". Avec ça, une discussion peut tourner court.

Solide conseil pour un habitant du Brésil : quand vous êtes en pleine forme, profitez en pour faire une liste de tous les médecins dont vous pourriez avoir besoin un jour. Parce que quand vous avez mal c'est la galère.

Je trouve mon dermato mais il ne peut pas me prendre en urgence. La médecine généraliste et les urgences ne font qu'un au Brésil, je cherche donc un hopital qui m'acceptera et doté de "pronto socorro".

Là j'ai un réflexe idiot, j'y vais en voiture alors que mon pied droit est détruit (et je frôle l'accident grave en faisant glisser mon gros orteil de la pédale de frein). J'arrive là bas et je vois qu'il n'y a pas de parking, il est réservé aux médecins. Euh OK... mais il y a une petite pancarte "parking dans la rue d'à côté". Quand tu ne peux pas marcher c'est top. Je vais dans la rue d'à côté et vois que le parking est payant, c'est un estacionamento privé qui doit avoir un accord avec l'hopital. Petites magouilles entre amis... Rien à faire, je me gare à l'extérieur juste en face de son entrée pour ne pas payer. Et je l'imagine déjà venir s'occuper personnellement de ma voiture à coups de masse, mais tant pis.

Je vais ensuite en trainant la jambe et en tentant de sauter à cloche pieds jusqu'à la porte d'entrée de l'hopital, ou le vigil me regarde d'un oeil vide. Surtout ne pas m'aider. La cerise sur le gateau : c'est le jour où São Paulo a battu son record historique de chaleur. J'étais misérable. Je tourne dans le hall de l'hopital, rien ... Personne ne me renseigne. Je finis par aller demander au gars de la sécurité ce que je dois faire : "oh il faut aller au pronto socorro, c'est dans la rue juste à côté". Cool... Pas moyen de m'aider, je suis un peu en galère ? Non non.

OK, je reste cool. Je me traine jusque là bas. Là, c'est un peu la fête. Une grande salle d'attente et son petit ventilateur. Plein de monde.

Au Brésil, le sport national n'est pas le foot, c'est la file d'attente. Et je vais en manger.

Le premier truc qui m'interpelle c'est que *personne* n'a l'air malade dans la salle. Mais tout le monde a l'air de bien se faire chier à attendre. Rappel, les "urgence" remplacent le médecin généraliste. Donc si vous avez un rhume, une gastro, que vous voulez un certificat médical, etc => vous atterissez là.

A l'hopital, ne fait pas la queue qui veut. Je vois que ça fonctionne comme à la poste en France, avec des tickets. Des télés affichent les numéros des gens qui doivent se rendre à tel ou tel poste. Il me faut un numéro, je me dirige vers les bornes qui semblent faites pour ça.

Comme d'hab, étape éliminatoire numéro 1 : quelle est ta mutuelle. La mienne n'est pas dedans. Je choisis "autre" et j'ai peur. Je fais ensuite la queue pour aller voir le médecin chargé du tri. Il prend ta tension, ta température, te demande ce que tu as, te demande si tu as une mutuelle (...) et t'autorise ou non à rester. Quand je vais le voir en boitant comme un blessé de guerre il me regarde tout bizarre, tout comme les gens dans la salle d'attente : "putain mais que fait un malade dans un hopital ??".

Je montre au médecin ce que j'ai, il est surpris, regarde, me sort un grandiose "oulala c'est pas beau ! Je sais pas si on pourra faire quelque chose". Euh putain, je suis à l'hosto, entouré de médecins, et c'est pas comme si j'avais un couteau planté dans le coeur...

J'ai quand même le droit d'attendre à nouveau. Étape suivante : l'administratif. Créer un dossier à mon nom, etc. Prendre ma mutuelle et vérifier que j'ai bien le droit d'être là (... ... ...). Me donner un petit bracelet comme en soirée, avec mon nom. Je demande avec curiosité pourquoi : "pour vous identifier si vous n'êtes plus en état de le faire". .......... J'ai juste mal au pied hein !

Le truc qui m'a choqué, c'est qu'ils mettent dans le dossier des informations du type "quelle est votre religion". Bonjour le respect de la vie privée ...

Suite à ça, j'ai de nouveau le droit d'attendre, mais cette fois ci dans une autre salle. Au milieu de gens apparemment en pleine forme (une cinquantaine au moins), comme avant. Toujours avec les télés qui font défiler les numéros de tickets.  Au bout d'un moment c'est mon tour, j'arrive dans la salle du médecin, je lui décris ce que j'ai, je lui montre, elle dit "ah ouais d'accord" et elle se casse de la salle. ... ... ...  OK ... Pour revenir avec un médecin sûrement spécialisé en dermato, qui diagnostique en 5 secondes le traitement bien détaillé. For the record, quelques jours plus tard je suis allé voir un vrai dermato (j'avais déjá pris rendez vous) qui aura rigolé en disant "nan mais votre traitement est beaucoup trop faible, je vais vous donner un truc bcp + costaud qui fonctionnera".

Ultime moment de solitude envers le système médical, au moment de sortir je suis comme un con et je demande "euh, je dois payer qui et où ?". Grosse incompréhension et semi panique de l'hopital "vous n'avez pas de mutuelle ???" (sale truand qui est passé entre les mailles du filet, on va donner ton corps à la science dans la favela d'à côté). Ben si ? Et donc bon à savoir, très pratique et la France devrait s'en inspirer : tout se règle entre la mutuelle et l'hopital. Le patient ne débourse pas un centime, ne doit pas payer pour être remboursé.

Second effet kiss kool, les médicaments ne sont pas remboursés. Il y a plein de pharmacie partout (en fait à São Paulo, il y a surtout Drogasil un peu partout, un genre de pharmacie façon mini supermarché où tu achètes ce que tu veux). Pour l'anecdote à Rio c'est presque pareil mais ça s'appelle Drogasmil ...



Dans mon cas, ultime moment de rigolade, quand j'ai voulu aller au dentiste. Oui oui j'ai une mutuelle ! Ah bah non, elle ne couvre pas les frais dentaires donc personne ne peut me prendre, il faut que je demande en urgence une mutuelle complémentaire, que j'attende qu'ils me génèrent un numéro de carte pour pouvoir prendre rendez vous ...

Vous reprendrez bien un peu de file d'attente ? :)